Puissé-je me souvenir – Sohrab Sepehri
Sohrab Sepehri, Ma Mère, 1967 – huile sur lin
Il doit être minuit.
On dirait que la Grande Ourse est à deux pas du toit.
Le ciel n’est pas bleu.
Pourtant le jour l’a été.
****
Puissé-je me souvenir d’aller demain au jardin de Hassan
Et d’acheter des prunes et des abricots !
Puissé-je me souvenir d’aller demain au bord de l’étang et d’y dessiner les chèvres,
D’y dessiner les roseaux et leurs ombres sur l’eau !
Puissé-je me souvenir de sauver aussitôt tout papillon
qui tomberait par mégarde dans l’eau !
Puissé-je me souvenir de ne rien faire pour troubler la loi de la terre !
Puissé-je me souvenir de laver demain mes linges dans le ruisseau !
**
Puissé-je me souvenir que je suis seul !